Suite à Horace, Un semblable forfait, nous envisageons de poursuivre notre travail autour des pièces politiques de Pierre Corneille. Ce prochain volet s’intitulera Cinna, ils servent à l’envi la passion d’un homme. Si nous évoquons un second volet c’est parce que ce nouveau projet, quoique pouvant être présenté de manière autonome du premier, peut se penser, également, comme l’aboutissement d’un diptyque. Suivant l’ordre des pièces de Corneille, Cinna fait suite à Horace. L’argumentaire du réquisitoire d’Horace, par Valère, le présentait comme un « monstre en puissance », capable d’un « coup d’état ». Cinna est l’histoire d’un coup d’état. Corneille y explore les conditions d’une justice politique à même d’apaiser les tensions sociales d’une nation. En effet, interrogeant les périmètres du pouvoir régalien, Corneille réfléchit, dans ses tragédies, aux conditions d’un exercice juste du pouvoir. Il interroge toutes les formes de « contestation » (le zèle d’Horace et l’organisation clanique de la justice face à la raison d’Etat dans Horace, le coup d’état dans Cinna). Il est possible que certaines paroles se fassent entendre, issues des pièces Polyeucte, Suréna et Nicomède. La pièce mêlera l’alexandrin classique, l’écriture philosophique et la prose contemporaine.
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Dans sa pièce, Corneille se concentre sur la dernière victoire d’Auguste, qui le fit désamorcer la conjuration de Cinna. Néanmoins, il nous semblait important de ne pas oublier les conditions qui ont permis à Auguste de prendre le pouvoir et de le garder toute sa vie de manière absolue, à la manière d’un roi, malgré les allures républicaines qu’il donnait à son règne. C’est la peste, en 22 av JC qui poussa le peuple à la « servitude volontaire » (le terme est d’Etienne de La Boétie - 1576). De crise en crise, Auguste a pris les pleins pouvoirs sans que personne ne s’en aperçoive, la paix joint à l’abondance étant le meilleur aveuglement des peuples . Contrairement à Corneille, c’est donc à la peste de Rome que nous situons le début du drame et nous évitons les ressorts amoureux de la pièce originelle.
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La mise en scène consiste en une lente traversée de l’Empereur, allant de jardin à cour, de la morale jésuite au machiavélisme politique. Autour de lui la colère gronde… Le bruissement d’une révolution se fait entendre comme un murmure… Un coup d’état se fomente, préparé par Cinna. Emilie attise les foules et rêve de vengeance révolutionnaire, Maxime est tétanisé par la situation de désordre. C’est Livia, l’impératrice, qui offrira à Auguste le moyen de maintenir son pouvoir par la légitimité et non par la force.
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Une première étape de travail sera montrée au théâtre Jacques Coeur - Montpellier/Lattes, en février 2021.
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